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How The Elite Hide Their Wealth

Mohamed Rhissa Ali dit « Rimbo », roi de l’autobus nigérien dans PANAMA PAPERS




Mohamed Rhissa Ali dit « Rimbo », patron de la société Rimbo Transport voyageurs (RTV), militant très influent du principal parti au pouvoir au Niger, a inscrit son nom dans les documents de Panama Papers

Mohamed Rhissa Ali dit « Rimbo », patron de la société Rimbo Transport voyageurs (RTV), militant très influent du principal parti au pouvoir au Niger, a inscrit son nom dans les documents de Panama Papers. L’intéressé a créé en 2008 par l’entremise de la firme panaméenne Mossack Fonseca, championne internationale de domiciliation de sociétés-écrans, une société offshore (TRENSON INVESTMENT & TRADING LTD) aux Seychelles avec en toile de fond l’ouverture d’un compte bancaire qui recevrait des fonds de son entreprise de transport au Niger.

Pourquoi Mohamed Rhissa place-t-il les revenus de ses activités aux Seychelles, connues pour être une plaque tournante du blanchiment, un pays où se fait recycler l’argent du crime et de la fraude fiscale, et non au Niger ? Il y a lieu de s’interroger car le rapport 2014 de Global Financial Integrity indique que le Niger aurait perdu l’équivalent d’un milliard et demi de dollars entre 1970 et 2008 soit environ 800 milliards FCFA de flux financiers illicites. En d’autres termes, c’est de l’argent gagné illicitement et placé ailleurs.

En partenariat avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le Centre africain du journalisme d’investigation (ANCIR), L’Evénement jette un regard sur la société offshore de Mohamed Rhissa Ali aux Seychelles à travers les documents de PANAMA PAPERS.

Tout commence le 7 août 2008 (voir document N°1 ci-contre), lorsque Mohamed Rhissa, détenteur de la Boîte Postale 11807 à Niamey, République du Niger, se fait enregistrer sous IBC (International Business Company) N° 052790 comme directeur de la société offshore TRENSON LLC basée aux Seychelles, en assumant la responsabilité légale. IBC, c’est le nom officiel des sociétés dites “offshore” incorporées aux Iles Vierges Britanniques.

Le même jour, c’est-à-dire le 7 août 2008, un certificat d’incorporation N° 052790 (document N°2) à International Business Compagnies ACT, 1994 lui été délivré par la République des Seychelles. Le 4 mars 2009, par l’entremise de la firme MOSSACK FONSECA, sur la base d’une résolution en date du 9 février 2009 de ses directeurs, TRENSON LLC change de nom et devient TRENSON INVESTMENT & TRADING LTD (document N°3), une société offshore ayant pour activités le transport de voyageurs au Niger.

A la lecture de ce qui précède, l’action de M. Rhissa aux Seychelles pour y cacher son argent dans une société offshore, paraît trouble. Pour cause, sa société dénommée « RIMBO » a été créée en 1999. Son activité principale, c’était l’import-export. Par la suite, « RIMBO » s’est reconvertie dans le transport de voyageurs, qui devient son activité principale à partir d’avril 2003 et prend la dénomination de RIMBO Transport Voyageurs (RTV-SARL). Le capital social de la RTV SARL est de 300.000.000 F CFA (30.000 parts) réparti entre trois associés de la manière suivante : Rhissa Mohamed : 150.000.000 F CFA soit 15.000 parts et 50%, Baba Ahmed Issa: 99.000.000 F CFA soit 9.900 parts et 33%, Baba Ahmed Boubacar: 51.000.000 F CFA soit 5.100 parts et 17%. Le premier associé détient la grande part sociale et la dénomination de la société RIMBO qui signifie : Rhissa Mohamed Business Office.

A sa création, la société ne disposait seulement que de trois (3) autobus qui assuraient la desserte de l’itinéraire Niamey-Maradi-Niamey. Entre l’année 2004 et 2008, la société créée plusieurs agences dans les 7 régions du pays en augmentant de 45 le nombre de ses bus de 70 places chacun. Profitant de l’intégration et du marché commun de l’espace UEMOA, RIMBO pousse loin ses ambitions au cours de la même année 2008 en créant des agences dans certains pays d’Afrique de l’ouest francophone (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo). Depuis 2008, la société de Rhissa a bénéficié régulièrement des avantages du code des investissements au Niger.

Voilà pour l’histoire des activités de la société « RIMBO » au Niger. On remarquera, de façon paradoxale, que l’ouverture de son compte au cours de l’année2008 a coïncidé avec la montée en puissance des activités de cette société au Niger. Cette coïncidence, si c’en est une, suscite des interrogations. L’ouverture de ce compte est-elle la clé de voûte de l’acquisition par la société, chaque année, de 19 bus pour un montant de 3,5 milliards de F CFA, qu’elle dit « acquérir sur fonds propres de la société et le reste étant financé par les banques de la place » ? Le secteur du transport des voyageurs est-il si générateur d’argent que plusieurs sociétés de même nature (à l’image de Aïr transport, SNTV, ou encore Garba Maïssadjé) n’ont eu d’autre choix, ces dernières années, que de mettre la clé sous le paillasson, faute de rentabilité ?


Read the full response from Mossack Fonseca here


Encadré : Rhissa cité dans un trafic de devises

Dès la publication de la première enquête de « Panama Papers », le procureur de New York a ouvert une information judiciaire pour en savoir davantage sur les personnes citées dans ce dossier. On pourrait espérer une réaction similaire de la part de son homologue nigérien. En effet, M. Rhissa n’est pas n’importe qui. Il est perçu comme un des grands bailleurs de fonds du PNDS, le principal parti au pouvoir. Deuxième raison, M. Rhissa a déjà été cité dans une rocambolesque affaire de trafic de devises. Ainsi, le site « Mondafrique » dans son édition de septembre 2015 révèle que « le célèbre Rhissa Ali Mohamed, surnommé Rimbo, du nom de sa compagnie de transport, a été surpris alors qu’il transportait 10 milliards de francs CFA en devises. Rimbo passe pour l’un des principaux bailleurs de fonds du Président. (…) Rimbo a récemment cédé à Total un réseau de stations-service né de son accès privilégié aux marchés de vente de l’essence raffinée à Zinder par la Société de Raffinage de Zinder ». Une information qui n’avait jamais été démentie par les mêmes canaux par le concerné — et aucune enquête n’a été diligentée par les services compétents pour établir la vérité des faits.

Les devises confisquées à l’occasion de ces trafics, ont été toutes restituées aux intéressés qui sont des proches du régime (lettre n°1222/MF/CAB du 27 août 2015 du ministre des Finances ordonnant au Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité publique). Ce qui a d’ailleurs fait réagir le syndicat national des agents des douanes (SNAD), le 29 août 2015, pour dénoncer l’interventionnisme des autorités nigériennes. L’Etat a été ainsi délesté de ses droits.

« Ces saisies ne sont pas les premières mais à chaque fois qu’elles portent sur des grosses sommes, il y a intervention [du pouvoir]», a déploré le syndicat, ajoutant que ce comportement est de nature à saper le moral de ses membres. Dans une déclaration en date du 18 septembre 2005, l’association nigérienne de lutte contre la corruption -section de Transparency-International- a vivement condamné l’interventionnisme politique dans ce dossier, en demandant au président « d’enquêter et de poursuivre devant la justice les auteurs et co-auteurs de cet acte ». En réaction, le ministre nigérien des Finances, Sidibé Saïdou, a affirmé devant les élus au parlement que les fonds ont été restitués « conformément à la législation » nigérienne. L’opposition à l’époque avait dénoncé dans une déclaration en date du8 septembre 2015 cette pratique en exigeant « la démission immédiate du ministre en charge des Finances [ainsi qu’] une procédure de mise en accusation du président de la République pour violation de son serment et pour haute trahison ».

On relève simplement que malgré l’adoption, par le gouvernement, de textes sur le blanchiment d’argent, aucune action n’a été engagée pour réprimer de tels forfaits qui sapent les bases économiques du pays.

This article was produced by Moussa Aksar from L’Evenement in conjunction with the African Network of Centers for Investigative Reporting and the International Consortium for Investigative Journalists.


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